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30 juin 2009 2 30 /06 /juin /2009 14:07

Arrivée à Salta vers 21h. Le trajet est magnifique. On remonte très vite au-dessus de 4200 mètres, et le désert ressemble énormément à celui du Sud-Lipez. Là encore, de nombreuses vigognes sauvages viennent agrémenter la vue somptueuse de ces steppes arides et gelées. Assis à côté de moi, un jeune anthropologue de 28 ans, américain. Nous partageons nos expériences de voyage, et je me surprends à aimer cela. Il faut avouer qu’il a un regard très intelligent sur les cultures de peuples rencontrés. Nous évoquons longuement l’Asie et concluons d’un commun accord que, si l’Amérique du Sud est plus accueillante, plus belle parfois, que l’Asie-Pacifique, elle est culturellement nettement moins riche. Le Chili et l’Argentine s’accrochent un peu trop à leurs quelques ruines Incas au Nord et invoquent sans sourciller leur glorieux passé, qui appartient pourtant au Pérou et à l’Equateur. Leur patrimoine pré-colombien est pourtant immense. Culinairement,  Pérou, Bolivie et Chili sont des déceptions en ce qui me concerne. Très peu de spécialités, comme je l’apprends des autochtones. L’Argentine, en revanche, réjouit déjà mon cœur alors que je devine seulement les effluves de mon repas du soir tandis que je cherche une paillasse ou poser mon bagage pour quelques jours. Qui plus est, j’avais dû tenir 3 jours avec seulement 4 euros pour me nourrir à San Pedro de Atacama, car le seul ATM de la ville ne fonctionnait pas et les bolivianos n’étaient pas échangeables. La cuisine argentine, donc, ressemble évidemment beaucoup à la cuisine méditerranéenne, mais avec ce quelque chose en plus. Un fruit, une plante, un condiment. La bouffe est chose merveilleuse… Linguistiquement, certains pays sud-américains tentent péniblement de faire revivre le quechua et l’aymara ; mais les croyances et les mythes pré-incas ne se transmettent plus, selon les dires d’une vieille femme rencontrée à Copacabana. Seule demeure la diabolisation de l’envahisseur espagnol. C’est pourtant bien la culture ibérique qui a pris le relai ici. On n’est donc peu surpris de trouver partout d’innombrables églises baroques, des peintures aux allures très occidentales, fussent-elles de l’école de Cuzco, des retables richement décorés, revêtus d’or et d’argent, des palais coloniaux et quelques ruelles colorées.

Dans les régions andines, on s’y retrouve donc assez facilement tant qu’on n’affronte pas la tradition orale : des civilisations indigènes, un envahisseur sanguinaire, une communauté mixte mais uniforme. Mais contrairement à mon interlocuteur anthropologue, je ne suis pas venu spécialement pour tout ça. Ma récompense, ce sont ces paysages fabuleux : luxuriants au Pérou, lunaires au Chili, colorés en Argentine, hors du temps en Bolivie. Du moins sur l’itinéraire que je construis au fil de mon voyage. Des paysages qui rivalisent de beauté avec les monts karstiques de Yangshuo, les rizières de Zhongliu ou le relief du Wadi Rum. Et pourtant…

Salta est bien moins belle que Lima ou La Paz, mais est faite de même main. J’y flâne une journée entière, allant d’église en musée au gré de mes envies, là où me portent mes pas. Je me promène également dans d’étonnants jardins qui mènent à une colline surplombant Salta au sud-est. Les églises et autres musées ne rouvrent leurs portes qu’à 17h, et j’ai largement le temps de profiter de la vue depuis le belvédère. Salta est extrêmement agréable. Ni calme, ni agitée. Mais tout y respire la tranquillité, la facilité. Sans être très belle, rien ne la dépare non plus. La pauvreté ne semble pas s’y complaire. Dans les rues résonnent chants populaires et cris d’enfants. J’assiste même à un concert de rock argentin : une catastrophe, mais les gens sont heureux de pouvoir se divertir en pleine rue. Toutes les voies sont commerçantes ; partout, des vendeurs de bonbons et de barres chocolatées. Soit dit en passant, l’argentine de Salta est très, très ronde – Victoire a de la chance. Un grand espace vert, des argentins jouent au foot, se promènent. Un téléphérique mène au mirador, je monte dans une nacelle pour admirer le coucher le soleil se coucher derrière les montagnes qui dominent Salta. Je comprends mieux pourquoi Michelle m’avait tant venté les mérites du lieu.

Le 17 mai, c’est l’équivalent des journées du Patrimoine en Argentine. Je décide donc de remettre les excursions que j’avais en vue. Tout y passe. Musée d’histoire, d’archéologie primitive avec ses momies si bien conservées qu’on a l’impression qu’elles pourraient se réveiller à tout moment, les beaux-arts argentins, le musée d’art contemporain... De nombreux concerts dans les rues, dans les cours, sur les places publiques. On est dimanche, tout est fermé, et pourtant des milliers de badauds arpentent les rues commerçantes : ils font leur repérage pour le shopping de la semaine. Il faut dire que Salta ferait le bonheur de certaines nanas de ma connaissance : on y trouve des fringues pour tous les goûts, à des prix ridicules.

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